Agir en prévention :

Organiser un événement d’intégration.

Comment faire de l’intégration des nouveaux étudiants un événement festif et responsable ?

L’arrivée dans un nouvel établissement est une étape marquante, souvent accompagnée d’événements d’intégration destinés à créer du lien entre les étudiants. Si ces moments sont essentiels pour favoriser la rencontre et la cohésion de groupe, ils doivent être pensés de manière inclusive et respectueuse, loin de toute forme de bizutage.

Cette page a pour objectif d’aider les élèves intégrateurs à organiser des événements fédérateurs, ludiques et responsables. Vous y trouverez des conseils et ressources pour concevoir une intégration qui respecte chacun et qui renforce les liens, sans jamais humilier ou imposer une quelconque domination. L’intégration est un temps de partage et de convivialité, où chaque participant doit se sentir en confiance et pleinement inclus.

1. Cadre Légal

Depuis 1998, le bizutage est strictement interdit en France. La loi reconnaît comme un délit le fait d’amener une personne, contre son gré ou non, à subir ou à commettre des actes humiliants ou dégradants, ou encore à consommer de l’alcool de manière excessive dans le cadre d’un événement lié au milieu scolaire ou socio-éducatif.

Une interdiction inscrite dans le Code pénal

Les articles 225-16-1 à 225-16-3 du Code pénal classent le bizutage parmi les atteintes à la dignité de la personne humaine. Quelle que soit l’appellation donnée à l’événement – « baptême », « week-end d’intégration », « transmission » – ce n’est pas son nom qui importe, mais bien les pratiques qui s’y déroulent.

Des sanctions lourdes pour les auteurs

Le bizutage est un délit puni de six mois d’emprisonnement et de 7 500 € d’amende, y compris si la victime y a consenti. La peine est doublée si la victime est considérée comme vulnérable (mineur, femme enceinte, personne malade ou en situation de handicap, etc.).

Les établissements ou associations impliqués peuvent également être sanctionnés : une amende de 37 500 € et la fermeture des locaux ayant servi au bizutage peuvent être prononcées à l’encontre des personnes morales reconnues coupables.

Un cadre légal qui protège contre toutes formes d’abus

Le bizutage ne doit pas être confondu avec d’autres infractions encore plus graves, comme les violences, les menaces ou les atteintes sexuelles, qui sont passibles de peines d’amende ou d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 10 ans. Pour cela tu peux retrouver nos conseils sur notre page dédiée à la lutte contre les VSS.

Enfin, il est essentiel de rappeler que le consentement doit être libre, éclairé et enthousiaste. Une personne qui subit la pression du groupe, qui est sous l’effet de substances ou qui se sent obligée de participer ne peut être considérée comme consentante.

L’objectif d’un événement d’intégration est de créer un moment de convivialité et de partage, jamais d’humilier ou de mettre en danger les participants.

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2. Conseils pour organiser un événement d’intégration

Avant l’événement : Préparer et communiquer

Fixer un cadre clair

Avant toute chose, définissez les objectifs et les valeurs de votre événement,  en insistant sur le respect de chacun. Ces règles doivent être partagées en amont avec tous les participants intégrateurs et les nouveaux étudiants. Interdisez toute forme d’humiliation, de pression ou d’excès qui pourraient nuire à l’ambiance et au bien-être des nouveaux arrivants. Pour cela vous devez anticiper tout ce qui pourrait se passer afin de pouvoir être préparé à y réagir. Vous pouvez mettre en place différents protocoles et dispositifs en prévention.  Anticiper c’est la clé pour un événement sans stress.

Constituer une équipe organisatrice engagée

Pour organiser votre intégration vous devez constituer une équipe suffisamment nombreuse par rapport aux nombre de participants. Il vous faudra identifier les différents pôles et définir les rôles de chacun. Pensez également à vous former  : PSC1, prévention et réduction des risques, agir en cas de VSS… 

Communiquer les valeurs de l’événement

La communication donne le ton de l’événement. Dès le départ, il est important d’affirmer que cet événement est un espace sûr, où chacun doit pouvoir s’amuser sans crainte de jugement, d’exclusion ou de pression. Communiquez sur les dispositifs mis en place et le programme afin que les participants soient rassurés sur ce qui les attend. 

Petit rappel, faire signer une décharge aux participants avant l’événement n’a aucune valeur juridique et ne vous dédouane pas de votre responsabilité en tant qu’organisateur.

Garantir une accessibilité pour tous

Un événement d’intégration réussi est ouvert et inclusif. Veillez à ce qu’il soit accessible financièrement pour ne pas exclure certains participants. Assurez-vous également qu’il soit respectueux de toutes les identités en prenant en compte la prévention des violences sexistes et sexuelles (VSS) ainsi que la lutte contre toute forme de discrimination (LGBTQphobie, racisme, sexisme…).

Un événement bien préparé, c’est l’assurance d’une intégration positive où chacun se sent accueilli et respecté. Vous pouvez vous rendre dans notre rubrique “s’organiser en 5 étapes” pour encore plus de conseils sur l’organisation d’un événement. 

Pendant l’événement : Assurer la sécurité et le bien-être

Une intégration réussie repose sur une ambiance festive où chacun se sent à l’aise et en sécurité. 

Des activités ludiques, mais respectueuses

L’objectif d’un événement d’intégration est de favoriser les rencontres et la cohésion. Proposez des jeux et défis inclusifs, des animations de coopération, qui permettent de briser la glace et de créer des liens. Bannissez toute activité humiliante, dégradante ou qui pourrait inciter à la gêne ou à la prise de risques. Vous retrouverez nos conseils pour réfléchir aux activités dans la partie “Activités” de cette page.

Une gestion responsable des consommations

L’alcool et les autres substances ne doivent jamais être imposés ni encouragés de manière excessive. Réfléchissez à l’offre de consommation et proposez systématiquement des alternatives sans alcool. Pour cela, proposez de l’alcool uniquement sur certaines plages horaires, par exemple ouverture du bar de 20h à 00h. Incitez les participants à s’hydrater et boire de l’eau régulièrement et tout au long de l’événement. Veillez également à identifier et encadrer les comportements à risque pour éviter toute situation dangereuse. Référez vous à la loi sur les débits de boissons et ses restrictions : interdit de servir une personne mineure, une personne en état d’ivresse, fournissez des éthylotests.

Respect du consentement et de la liberté de chacun

Chaque participant doit se sentir libre de refuser une activité sans subir de pression ni de moqueries. Le consentement est fondamental : toute participation doit être volontaire et enthousiaste. Si une personne ne souhaite pas prendre part à une activité, son choix doit être respecté sans insistance.

Des personnes ressources identifiées

Mettez en place une équipe de soutien facilement identifiable (safe team, responsables prévention…). Ces référents doivent être disponibles en cas de malaise, de conflit ou de situation préoccupante. Une zone sécurisée (safe zone) peut également être prévue pour permettre à ceux qui en ressentent le besoin de s’éloigner un moment et se reposer.

En garantissant un cadre bienveillant et inclusif, vous permettez à chacun de vivre une intégration conviviale, respectueuse et mémorable.

Après l’événement : Suivi

L’intégration ne s’arrête pas à la fin de l’événement. Il est essentiel de prendre du recul et d’évaluer son déroulement afin d’améliorer les prochaines éditions et de s’assurer du bien-être des participants.

Recueillir les retours des participants

Après l’événement, proposez aux étudiants de partager leur expérience, de manière anonyme. Un questionnaire ou un espace de discussion permet de recueillir des impressions sincères et de repérer d’éventuels points d’amélioration. Soyez attentif aux témoignages de malaise ou de situations problématiques.

Veiller au bien-être des participants

Certains étudiants peuvent ressentir un mal-être après l’intégration. Assurez-vous qu’ils sachent vers qui se tourner en cas de besoin (services de soutien psychologique, associations étudiantes, référents prévention, etc.). Restez disponible et à l’écoute pour accompagner ceux qui en auraient besoin.

Analyser et ajuster l’organisation

Prenez le temps de faire un bilan avec l’équipe organisatrice. Qu’est-ce qui a bien fonctionné ? Quels points peuvent être améliorés ? Cette réflexion collective permet de garantir que l’événement évolue positivement d’année en année et qu’il reste toujours un moment convivial, inclusif et sécurisé.

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3. Les activités 

Comment distinguer une activité conviviale d’un bizutage ? 

Posez-vous ces questions :

  • Est-on inclus même si on ne participe pas à certaines activités ?
  • La personne est-elle libre de refuser sans subir de pression ou de jugement ?
  • L’activité est-elle respectueuse de la dignité de chacun ?
  • Est-elle sans danger physique ou psychologique ?
  • L’intention est-elle de créer un moment convivial et inclusif, ou d’exercer un pouvoir ou une domination ?
  • Quel est l’objectif de l’activité ? Créer du lien ou divertir ceux qui regardent ?
  • Les personnes sont-elles libres de quitter l’activité à tout moment ?

Ce que vous pouvez proposer

Nous vous proposons quelques idées d’activités mais sentez vous libre d’adapter et faire parler votre créativité pour organiser des activités inclusives et bienveillantes.

Activités de groupe ludiques

  • Escape Game maison
  • Murder Party
  • Blind Test
  • Quiz interactif

Jeux en extérieur

  • Course d’orientation
  • Olympiades
  • Chasse au trésor

Activités en soirée

  • Cinéma plein air
  • Soirée karaoké
  • Contes et histoires collectives
  • Jeux de société XXL

Ce qui est apparenté à du bizutage

Exemples physiques

  • Obliger une personne à consommer de l’alcool ou d’autres substances contre son gré
  • Forcer quelqu’un à boire un verre cul sec sous les encouragements du groupe.
  • Organiser des « tournées obligatoires » où les nouveaux doivent consommer un nombre défini de shots.
  • Faire boire un mélange d’ingrédients désagréables ou inconnus en guise de « punition » lors d’un jeu.
  • Forcer quelqu’un à porter un déguisement humiliant ou inapproprié en public.
  • Faire réaliser des gestes ou des paroles qui portent atteinte à la dignité (imiter des comportements sexuels, adopter une posture dégradante, etc.).
  • Demander aux nouveaux à se mettre en sous-vêtements 
  • Leur imposer de ramper dans la boue, de lécher des objets ou de se couvrir le corps avec des substances collantes (œufs, farine, ketchup…).
  • Les forcer à crier des slogans absurdes ou dévalorisants en public.
  • Les forcer à rester immobiles dans des positions inconfortables pendant une durée prolongée.
  • Faire pression sur une personne pour qu’elle participe à une activité qu’elle ne souhaite pas faire, même si le groupe prétend que « c’est pour s’amuser ».
  • Isoler un individu ou l’exclure temporairement de l’événement comme une « punition ».
  • Obliger les nouveaux à obéir aveuglément aux anciens (les « parrains/marraines ») sous prétexte de « transmission des traditions ».
  • Créer un système d’inégalité où les nouveaux arrivants doivent « servir » les anciens (porter leurs affaires, les servir à table, etc.).
  • Interdire aux nouveaux de parler aux autres étudiants hors du cercle des organisateurs.
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4. Agir et signaler en cas de bizutage

Savoir si je suis victime ?

Quiz pour évaluer ce que l’on a vécu :

  • Est ce que j’ai du me déshabiller ?
  • Est-ce que j’ai été dans une position humiliante ou dégradante ? à 4 pattes, accrochée à quelqu’un…
  • Est-ce que j’ai obligé de mimer des actes humiliants, dégradants, à caractère sexuels ?
  • Est-ce que j’ai été obligé d’avoir un contact physique avec d’autres participant.es ?
  • Est-ce qu’on m’a forcé à boire/manger ?
  • Est-ce que j’ai été forcé de boire/fumer/inhaler du proto ?
  • Est-ce que je me suis sentie libre de dire non ?

Ce n’est pas parce que ce qu’on a vécu semble “moins grave” que ce n’est pas grave !

Qui peut dénoncer ?

1. La victime elle-même

Toute personne ayant subi un bizutage peut porter plainte directement auprès de la police ou de la gendarmerie, ou en adressant un courrier au procureur de la République.

2. Les témoins

Même si la victime ne porte pas plainte, un témoin du bizutage (étudiant, enseignant, personnel de l’établissement) peut signaler les faits aux autorités. En cas de danger grave, ne pas signaler peut être assimilé à de la non-assistance à personne en danger.

3. Les parents ou responsables légaux

Si la victime est mineure ou en situation de vulnérabilité, ses parents ou tuteurs peuvent porter plainte en son nom.

4. L’établissement scolaire ou universitaire

Les établissements (écoles, universités) sont responsables de la sécurité des étudiants et peuvent saisir la justice s’ils ont connaissance de faits de bizutage. Ils ont aussi l’obligation de prévenir les abus et peuvent être tenus responsables en cas d’inaction.

5. Le ministère public (procureur de la République)

Le bizutage étant un délit pénal, le procureur de la République peut décider de poursuivre les responsables même en l’absence de plainte de la victime.

Comment porter plainte ?

Pour porter plainte, vous devez d’abord vous rendre au commissariat ou à la gendarmerie de votre choix.

Vous devez ensuite informer sans délai l’autorité administrative de l’établissement.

Les responsables de l’établissement devront saisir le procureur de la République et engager des poursuites disciplinaires contre les auteurs et les personnels qui ont contribué au bizutage.

À noter :

La victime peut aussi engager une procédure disciplinaire au sein de son établissement.

Une plainte peut être déposée jusqu’à 6 ans après les faits (délai de prescription pour un délit).

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5. Ressources 

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